Vintage, l’âge de raison
Que ce soit pour améliorer son bilan carbone ou pour instiller un supplément d’âme à son intérieur, il y a mille avantages à utiliser des matériaux recyclés dans son projet de rénovation. Petit guide du réemploi vertueux par Camille Hermand.
« Il faut faire le switch mental, il est temps d’intégrer le recycling dans son mode de vie, à commencer par son chantier » dit Camille Hermand, pour qui l’emploi de matériaux de seconde main est devenu un défi quotidien. « On ne peut pas le faire partout, mais quand on peut, c’est mieux. » Dans les listes des postes où on ne se risquera pas, figure par exemple la robinetterie ancienne, compliquée à adapter. En revanche, dans une salle de bain, les sanitaires rétros sont un atout charme indéniable. On complète avec le sol, tomettes, carreaux ciment, carrelage. « Les professionnels de la récup sont désormais très bien organisés, raconte l’architecte. Ils nettoient, traitent et préparent les matériaux qui arrivent en lots bien reconditionnés. » On trouve ainsi des radiateurs en fonte à motifs floraux décapés, d’une belle couleur Off-black, qui, laissés bruts, feront une très belle pièce de décoration fonctionnelle. Au rayon ferronnerie, les fuseaux de garde-corps anciens sont tout à fait récupérables pour imaginer un nouvel escalier dont on croirait qu’il a toujours existé. L’architecte complétera avec une rambarde en bois sur mesure et des marches retaillées dans des marches anciennes. Quand ce n’est pas l’escalier entier en métal trouvé dans une brocante. Idem pour les manteaux de cheminée, les boiseries, les miroirs à trumeau, les parquets… Un nouveau classique consiste aussi à convertir une enfilade scandinave en meuble sous-vasque.
« Nous avons besoin d’histoires dans notre quotidien »
Sans aller chez un récupérateur, la première source d’approvisionnement en matériaux est le chantier lui-même. « Nous gardons le plus souvent les portes d’origine, que l’on réadapte au nouveau plan. On peut même les vitrer partiellement. Nous concevons des placards modernes dotés de portes anciennes venues d’offices par exemple. Si les corniches sont endommagées, on les garde en les complétant. » En plus d’être bon pour la planète, le réemploi est excellent pour le style. « Plutôt que de vivre dans un show-room, soyons nous-même », plaide Camille. «Des matériaux et des meubles chargés de souvenirs apportent un supplément d’âme, nous avons besoin d’histoires dans notre quotidien ». Le principe fonctionne d’autant mieux lorsque l’on crée des contrastes en contemporain et ancien, en évitant le pastiche. Une poignée moderne sur une porte haussmannienne, un fauteuil vintage avec un canapé dernier cri, mais aussi un trumeau d’origine peint d’une couleur inhabituelle, des luminaires chinés dans une salle de bain épurée. « Le Bon coin est à ne pas négliger, sourit Camille, il regorge de trouvailles à deux-francs-six-sous, ça soulage le budget… »
Texte : Caroline Tossan
Photos : © Agathe Tissier
Projets :
Jasmin (photo 1)
Montmorency (photos 2 et 3)
Luynes (photo 4)
Meudon (photo 5)
Romainville (photo 6)
Panthéon (photos 7 et 9)
Saint Sébastien (photos 8 et 10)
Vincennes 1 (photo 11)