Sur la colline de Montmartre, des trésors cachés dorment encore, le plus souvent dans les nombreuses propriétés des congrégations religieuses. Alors quand l’évêché met en vente l’un de ses biens, c’est un petit miracle. Les heureux acquéreurs de cette maison, qui logeait autrefois des religieuses, en ont fait l’expérience. Le bâtiment avec cour et jardin était livré brut, après des travaux d’extension inachevés. Une maison à deux étages, plus un ajout en rez-de-jardin, tout en longueur.
Sur rue, la façade monacale de la maison a reçu quelques embellissements : des volets contrastés, un soubassement en pierres apparentes, une marquise et une charmante glycine. Des chiens assis ont été aussi ajoutés dans le toit (photos 1 et 1bis). De l’autre côté, la petite cour aveugle a été partiellement recouverte par une véranda, et le reste végétalisé. En haut des marches, le jardin foisonnant borde la petite extension où se trouvent la cuisine et la salle à manger (Photos 2 et 3). La pièce tout en longueur a revu ses proportions, séparée en deux par une vitrine transparente où sont exposées des carafes en cristal.
Un demi-niveau en dessous, là où se trouvait la cour, le grand rectangle brut accueille désormais le salon (Photo 8). Grace à la nouvelle véranda et à la disparition d’une partie de la façade, la transformation est spectaculaire. Le séjour est lumineux, il a gagné un tiers de surface (photos 9 et 10). L’escalier a été refait et changé de place. L’emplacement de l’ancien, au bout du bâtiment, ne permettait pas de distribuer les pièces du premier étage sans s’encombrer d’un couloir. Placé au centre de la maison, le nouvel escalier dessert de part d’autres des « suites » sans place perdue (photo 15). Il est totalement neuf, mais réalisé à l’ancienne, en chêne et ferronnerie. Sa belle rampe débillardée, c’est-à-dire taillée dans l’épaisseur du bois massif, serpente entre les étages. Entre la salle à manger et le salon, un escalier en béton brut permet de franchir le demi-niveau les séparant, épousant le relief du terrain visible à l’extérieur (photo 14).
La chambre parentale adopte un style industriel, avec des baies vitrées de verre armé donnant sur la salle de bains. Devant les fenêtres, une banquette ou des rangements ont été aménagés dans les renfoncements. De beaux volets intérieurs permettent de faire la pénombre sans avoir à se pencher trop loin pour fermer les volets extérieurs (photo 16). La salle de bains adopte les mêmes codes, avec des carreaux métro, et un meuble de métier détourné en meuble vasque. Les miroirs affleurant dissimulent des armoires, dont l’épaisseur est prise sur les coffrages de la robinetterie (Photo 17). Au même étage, un bureau et sa petite dalle de bains peut se transformer en chambre d’amis (photo 18).
Tout en haut, c’est le royaume mansardé des enfants, qui ont leur salle de bain et deux chambres en vis-à-vis. Des chiens assis ont été ouverts du côté du toit qui n’en avait pas pour rendre l’espace plus lumineux, confortable, et faciliter l’aménagement d’une salle de bains et d’un petit salon de jeu sur le palier.
Texte : Caroline Tossan
Photos : © Agathe Tissier
Projet : Montmartre