Oser une couleur sombre, c’est un effet waouh garanti. Une salle à manger haussmannienne transfigurée par ses murs vert impérial (Photo 1), un linéaire de bibliothèque fondu au noir (Photo 2), une entrée charbon aux reflets bleutés jusqu’au plafond (Photo 3)… Le procédé n’est pas classique, le résultat est bluffant. Les couleurs des tableaux prennent une nouvelle fraîcheur, la télévision disparaît dans le décor, l’œil est transporté. « Il n’y a pas de règle absolue, explique Camille Hermand, ça marche dans toutes les pièces. » Le sombre est idéal dans une entrée, souvent dépourvue de fenêtre : la pénombre crée une atmosphère, un effet de clair-obscur se joue alors avec les pièces attenantes baignées de lumière. (Photo 3). C’est le même principe dans un couloir aveugle : une belle couleur foncée trace la route en unifiant placards et autres portes qui débouchent sur la lumière (Photo 4).
Peindre en noir un salon ? C’est culotté mais réussi quand dans une maison de Meudon, la véranda prend des airs d’écran de cinéma diffusant la beauté de la verdure environnante (Photo 5). « On est surpris par le caractère que prend aussitôt la pièce, dit Camille, c’est très dynamique. » Le noir a la qualité d’unifier et de dissimuler. Exemple avec la bibliothèque du projet Notre-Dame-des-Champs (Photo 2). Sa couleur noire pose le décor et contraste joliment avec le parquet blond et les meubles design colorés. Surtout, la couleur permet d’harmoniser la multitude de fonctions alignées sur ce mur : un radiateur, une cheminée, une télévision, une porte. Au final, on ne voit que les livres, le tableau et les œuvres d’art mis en valeur par contraste. Dans la cuisine, des meubles noirs créent une ambiance enveloppante et donnent du relief à une crédence, un papier peint (Photo 6). Les toilettes ? La douche ? Bien sûr ! « Le sombre dans un petit espace fait oublier que c’est petit. » (Photos 7 et 8) Enfin, rien de tel que le noir pour donner du corps à l’architecture. Peindre les montants de fenêtre les transforme en cadres pour le paysage. Un escalier, une mezzanine tracent autant de lignes entre lesquelles s’organisera le nouveau décor (Photo 9).
Alors, on hésite encore ?
Texte : Caroline Tossan
Photos : © Agathe Tissier et Jennifer Sath
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