architecte desa
Une architecture sobre, rationnelle, sans ornements. Le style des immeubles des années 50 séduit encore par ses lignes claires et géométriques. Ils sont le cadre idéal pour imaginer un décor moderne d’aujourd’hui. C’est le pari fait par le propriétaire de cet appartement, doté d’une belle terrasse, en étage élevé. Le bien est entièrement à refaire. A l’époque, les carreaux bleus de la salle de bain, soulignés d’une ligne noire étaient d’une sobriété révolutionnaire. Le parquet en carrés de petites lattes bien plus moderne que ce point de Hongrie du siècle précédent. Charge à Camille Hermand de donner sa version contemporaine de cette philosophie moderniste. Au final, tout a changé, mais reste le style dépouillé, qui a gagné en confort et en élégance.
Bien des portes ont été supprimées au profit d’ouvertures où la lumière circule librement. La petite entrée est décloisonnée par une large ouverture sur le salon. Traitée dans un bleu très sombre, elle impose d’emblée une forte personnalité. Une banquette aux bords arrondis recouverte de flanelle grise et un fauteuil de Gerrit Rietveld signent l’intérieur d’un gentleman (Photo 1). En contraste, le salon blanc cassé impose sa belle luminosité. Les meubles design et la bibliothèque avec des soubassements en noyer dressent subtilement une ambiance rétro-contemporaine (Photo 2).
Le nouveau parquet en chêne unifie le double séjour, dont la surface a été doublée en annexant une ancienne chambre. Une baie vitrée à portes pivotantes théâtralise le passage vers la nouvelle cuisine-salle à manger. (Photo 3). Les contrastes de peintures sombre et claire rythment l’aménagement, tout en dialoguant avec le mobilier. Partout, des rangements invisibles offrent un confort supplémentaire (Photo 4). Le coin salon est disposé logiquement devant la bibliothèque dont la partie haute ton sur ton avec les murs fait ressortir la collection de mobilier design du propriétaire dans une harmonie de cuir et de bois de noyer. Les huisseries noires des fenêtres forment des cadres sur le paysage extérieur et invitent à passer sur la terrasse. (Photo 5)
Le bureau a trouvé sa place dans l’ancienne cuisine, déplacée vers le séjour. Il est traité dans les mêmes contrastes de noir, blanc, cuir et noyer, en présence cette fois du bureau de Pierre Pauli. (Photo 6). Dans la chambre principale, les rangements et la tête de lit disparaissent dans les murs, accentuant l’effet de transparence de l’ambiance générale. Tissus bouclette sur fauteuil Pacha rebondi et rideaux épais enveloppent la pièce de douceur. (Photos 7 et 8). La salle de bain a troqué les carreaux bleus pour les lignes pures d’une baignoire japonaise et son marche pied en bois. La nouvelle cuisine-salle à manger rassemble elle aussi tous les partis-pris de l’architecte : meubles bas en noyer, dans le style des chaises de Jean Prouvé, et meubles hauts invisibles se fondant avec les murs blancs lumineux. Le plan de travail en marbre accompagne cette élégante sobriété (Photo 10).
Texte : Caroline Tossan
Photos : © Pauline Le Goff
Projet : Croix Faubin
