Lors d’une rénovation, le chapitre fenêtres soulève de nombreux défis : esthétique, thermique, acoustique, budgétaire, réglementaire… Une maison peut-être entièrement métamorphosée grâce à ses fenêtres, comme c’est souvent le cas dans les réalisations de Camille Hermand. A Vincennes, par exemple, une maison en coin de rue a changé de statut quand une façade auparavant aveugle s’est ouverte de huit fenêtres, munies d’élégants volets (Photos 12 et 13). « Dans ces cas-là, précise l’architecte, on privilégie les alignements verticaux et horizontaux, et l’harmonie générale, à laquelle participent les volets. Une autorisation de la Mairie est nécessaire, parfois des Bâtiments de France. » Que ce soit pour l’agrandissement d’une ouverture ou la modification de toute une façade, le recours à l’autorisation des bâtiments de France est obligatoire si une construction protégée se trouve dans un périmètre inférieur à 500 mètres. Questions fenêtres de toit, à Paris par exemple, elles doivent être petites côté rue et peuvent s’agrandir côté cour.
Côté matières, on oublie le PVC pour se concentrer sur le bois ou le métal. Les huisseries en aluminium ou en acier sont recommandées pour leur finesse, adaptée à certains cas de figure : ouvrant dissimulé dans un bow-window avec fermeture invisible, grandes tailles de baies vitrées, verrières intérieures (Photos 2, 3 et 4). On peut même se permettre de vitrer le coin d’une chambre avec deux grandes ouvertures pour une vue panoramique sur le jardin (Photo 1). Dans ce cas, un rideau occultant glisse sur un rail coulissant sur toute la longueur.
Chapitre propriétés techniques, une fenêtre peut corriger l’acoustique un peu trop présente de la rue, le double vitrage est un isolant thermique efficace. On sait moins qu’en modulant les types de vitres sur les ouvrants exposés au nord et au sud on contrôle mieux la température ambiante. Il existe aussi des gammes de verres plus ou moins dangereux quand ils se brisent. « Nous avons la chance d’avoir en France un savoir-faire et une industrie extraordinaire dans ce domaine, profitons-en ! » se réjouit Camille Hermand.
Enfin, quel look adopter ? Dans un logement ancien, nos artisans sont passés maîtres dans l’art de reproduire à l’identique les jolies crémones, sur des fenêtres en bois dont les battants se referment l’un dans l’autre en gueule de loup (Photos 5, 7 et 8). L’architecture contemporaine appelle une grande sobriété. Plutôt qu’une baie qui s’ouvre en accordéon sur toute la façade, Camille Hermand préfère garder un pan de mur pour aménager une ouverture à galandage : la fenêtre disparaît dans la paroi, offrant un effet dedans/dehors très fluide (Photos 6 et 9). Des huisseries noires donnent du caractère à la pièce tout en formant un cadre pour le paysage extérieur. « Si l’on a peur du vis-à-vis, il ne faut jamais sacrifier la lumière que peut offrir une fenêtre. Il y a toujours des solutions déco pour se protéger des regards » conseille l’architecte. Parmi celles-ci, les volets intérieurs, en bois, ne sont pas la moins élégante.
Projets : Rueil Malmaison, Jasmin, Montmartre, Puteaux, Turenne
Texte : Caroline Tossan