En mode comme en décoration, l’accessoire ne l’est pas. S’il se pose en dernier, il se prévoit quand même dès le départ, car, comme un beau sac à main, ces petits bijoux pour la maison nécessitent parfois de prévoir un budget. Mais ils font toute la différence, car passé l’appréciation du décor, c’est à petite échelle que se lit la précision de sa conception.
Les poignées de porte et les interrupteurs sont importants, car ce sont eux que l’on manipule le plus. Une poignée change une porte de placard, ou un ensemble de tiroirs dans une cuisine, elle est un élément de style précieux (Phtoto 1: projet Boileau). On peut s’amuser à des rencontres inattendues, entre une porte ancienne et une poignée contemporaine (Photos 2,3&4: Projet Panthéon). Dans le même appartement, les radiateurs en fonte ont été décapés et laissés brut pour les moderniser. Les prises et interrupteurs sont des touches de couleur assorties au reste de la « quincaillerie » que sont les robinets de salle de bain ou d’autres petits éléments de décoration.
Quand un soubassement est surligné d’une ligne noire pour mettre en valeur les couleurs dessus et dessous, l’interrupteur ou la poignée assortis ponctuent cette composition graphique (Photos 5&6: Projets La Tour et Vincennes). Dans la continuité, les rideaux adoptent le même assemblage, dans un alignement parfait (Photo 7: projet La Tour). Au chapitre des plaisirs minuscules, l’ajustement des textiles illustre bien la subtilité du travail artisanal : tombé de rideau ajusté au petit poil même quand le sol n’est pas droit, matelas adapté au centimètre près en suivant les contours des fenêtres, coussin à la tenue parfaite (Photos 8, 9&10: projets La Tour et Luynes). « Sophie la tapissière, avec qui je travaille, compare cela à un mascara qui illumine le regard, raconte Camille Hermand. Sophie sait trouver la bonne tringle, la bonne solution d’accrochage quand c’est compliqué, la bonne occultation pour bien dormir… Choisir de vrais artisans, c’est l’assurance d’un savoir-faire et de l’intelligence de la main. »
Savoir poser une prise au-dessus d’un miroir ou d’une crédence carrelée demande de l’expérience, tailler et poser parfaitement un plan de travail sur deux pans horizontaux et verticaux aussi (Photos 11,12&13: projets Bellechasse, Rollin, Rivoli). Le sur-mesure rend toutes les idées réalisables. Une douche en maçonnerie avec une ouverture en arche, carrelée sur l’arrondi en petites faïences Kitkat (Photo 14: Projet Villiers). Une salle de bain avec vasque et portes de placard en marbre, assemblés et taillés avec grande précision (Photos 15&16: Projet Notre-Dame des champs). Idem pour la douche, avec niche et banc recouverts de pierre. La robinetterie est au même niveau de raffinement, dans une nuance d’or mate cuivré, même pour la raclette à vitre. Enfin, quand l’accessoire devient un trait architectural, la diable se niche dans ce détail qui n’en est plus un. C’est le cas de la rampe d’escalier du Photos 17&18: projet Lepic. Elle serpente du haut en bas des trois étages de la maison. Légère comme un souffle, sa course n’est pas lourde, mais aérienne car elle peinte en blanc, pour plus de légèreté. Graphique, elle illumine le décor. Comme un ruban dans les cheveux.
Texte : Caroline Tossan
Photos : © Agathe Tissier et Pauline Le Goff