architecte desa
L’adresse, au cœur du Haut-Marais, à Paris, avait tout pour séduire ce couple avec deux enfants : 130 m2, dans un magnifique immeuble du début du XXème siècle à deux pas de l’école maternelle. Mais difficile de se projeter dans ce mini-Versailles des années 60, étouffé sous des plafonds en tissus plissé, avec cuisine au fond du couloir, boiseries néo-Louis XV et rideaux à cantonnières duchesse. Qui plus est : le lieu n’était plus habité depuis dix ans. Camille Hermand y a surtout vu une surface (potentiellement) baignée de lumière. Il suffisait juste d’y faire souffler un grand vent de fraîcheur.
Etape 1 : débarrasser l’appartement de tous ses ornements afin d’y voir plus clair. Les boiseries, les parquets, les tentures, et la cheminée (non d’origine) sont démontés (photos 2 et 4).
Etape 2 : dresser un plan correspondant à une famille d’aujourd’hui. La cuisine intègre le salon, comme élément central de la vie de la maison. Pour constituer une très grande pièce de vie, on inclue l’ancienne chambre parentale (photos 2 et 3). La cuisine du fond du couloir devient une chambre.
Etape 3 : faire circuler la lumière. Cuisine, séjour et bureau sont alignés côté rue. Les fenêtres se répondent grâce à une double porte vitrée qui remplace la double porte à l’ancienne (photo 5). La lumière inonde les pièces dont les murs sont laissés blancs.
Etape 4 : travailler les volumes. Dans le salon, une nouvelle verticalité est offerte par la grande cheminée contemporaine, qui redonne de la hauteur à l’ancien espace tassé. Elle accueille un banc pour s’assoir et des casiers pour ranger le bois. La vitre de l’insert se soulève à l’intérieur du mur : tout est encastré. (Photo 5). On dégage la grande entrée en supprimant les portes, on y intègre un mur de placards invisible (Photo 6). Elle est volontairement peinte dans une teinte sombre, en contraste avec le salon et le couloir tout en transparences.
Etape 5 : Métamorphoser le style. Sans élément remarquable à conserver au départ, l’appartement est à présent un bel exemple d’élégance parisienne contemporaine. Les nouvelles fenêtres ne sont plus en plastique, mais en bois, ornées de crémones. Les parquets en petites lattes rétro ont laissé place à du chêne massif. La cuisine est tout en arrêtes pures et détails en laiton.
Texte : Caroline Tossan
Projet : Turenne
Photos : Agathe Tissier
